L’aérodrome d’Oyonnax et son aéro-club

Vue GE (DR)

A l’initiative du Comité d’Aviation de Bourg en Bresse sont organisées de nombreuses manifestations aériennes :
• 6 et 7 août 1911, Oyonnax, journées d’aviation, (d’après le journal ‘Lyon Universitaire’, à l’aérodrome de la Fouge ; à ce jour, ce lieu n’a pas été localisé. On peut donc raisonnablement penser que cette manifestation a eu lieu à proximité de la ville d’Oyonnax sur un espace dégagé). Molla est engagé, mais ne vient pas, il est remplacé par Demaille, aviateur local, et par Ludovic Verdier sur monoplan Guyot-Verdier. 10.000 personnes ont débarqué à la gare et c’est devant une foule considérable que Verdier, à 17 h30, essaie de mettre en route son appareil, mais le moteur ne répond pas. A 17 h 40, l’aéroplane, s’élève à plusieurs reprises et enfin semble prendre de l’altitude ; hélas, il se dirige droit vers des fils électriques contre lesquels il va buter. L’appareil est endommagé, le pilote ne porte que quelques contusions et la fête est finie ! La foule hurle son mécontentement et, consolation, elle est admise à approcher l’appareil et peut même le toucher!
• 20 et 21 août 1911, Oyonnax : journées d’aviation avec René Vidart et Charles Carabelli. Le dimanche 20, Vidart effectue plusieurs vols, dont un de 17 minutes et 3 secondes à une hauteur de 200 m. il devient le héros du jour et le public oublie les rancunes de la précédente manifestation. Carabelli, sur biplan, espère faire aussi bien mais l’appareil refuse de s’élever et après plusieurs essais, il doit abandonner. L’élève pilote Demaille, originaire de Bourg -en- Bresse, espère faire oublier ses précédents échecs, mais au départ l’avant-train de son appareil tombe dans un fossé et le fuselage est brisé. Le mauvais temps contrarie la suite de la manifestation et le public est invité à rester chez lui le lundi.
• 23 septembre 1911, Oyonnax : vols de Charles Carabelli.

Oyonnax est bien entré dans l’histoire de l’aviation en 1911 et 22 ans plus tard Eugène Vallet était le principal instigateur de l’aviation à Oyonnax, mais ceci est une autre histoire !

En 1932, Eugène Vallet, pilote-aviateur au cours de la Première Guerre mondiale, acquiert un Potez 36 démilitarisé, qui sera immatriculé F-ALQUE. Mais où poser cet avion ? Le pilote loue un grand pré dans la plaine d’Arbent, à 1500 mètres de la ville d’Oyonnax. Sur ce petit terrain de 300 mètres de long et large de 40 mètres, Vallet construit un hangar de fortune, c’est le début de l’aérodrome d’Oyonnax. Dans le dossier établi par l’aéro-club d’Oyonnax, en 1934, est inséré le plan cadastral de la plaine d’Arbent, située au nord de la ville, qui mentionne la présence d’un terrain d’aviation Oyonnax-Arbent réservé à l’autorité militaire. Il est fort probable que les manifestations aériennes de 1911 se soient déroulés sur des terrains militaires. Une grande partie du foncier de l’emprise de l’aérodrome établi sur le territoire de la commune d’Arbent appartient à la ville d’Oyonnax. L’aéro-club étant propriétaire de plusieurs tènements dont un de 15.000 m2 environ sur lequel sont implantés l’ensemble des bâtiments actuels. Des vols d’entraînement suivent, des baptêmes de l’air sont le début d’une activité aéronautique.

En 1933, une petite équipe structure l’Aéro-club d’Oyonnax (A.C.O), autour de son Président, le Docteur Léon Bérard, chirurgien, chef de l’hôpital d’Oyonnax ; Vice-Présidents, Docteur Touillon, chirurgien, chef de l’hôpital de Nantua et Léon Verchère, industriel à Oyonnax ; Secrétaire Général, Eugène Martin, ingénieur-constructeur à Oyonnax ; Secrétaire-adjoint, Joseph Dedieu, négociant à Oyonnax ; Trésorier, Léon Bolle, industriel à Oyonnax ; Archiviste, Louis Michollet, ingénieur du service vicinal à Oyonnax. Des vols d’entraînement suivent, des baptêmes de l’air sont le début d’une activité aéronautique

Un second Potez 36, immatriculé F-ALSZ, propriété de Billoud, renforce la flotte du club. Roland Monnet, ouvrier mécanicien aux établissements d’Eugène Vallet, entretient le Potez 36 de son patron. L’aéro-club organise des meetings très réussis et les Oyonnaxiens découvrent, lors des baptêmes de l’air, l’environnement montagneux de leur région. Une équipe de mécaniciens, animée par l’ingénieur des Arts et Métiers, Eugène Martin, prend le relais de Roland Monnet.

En 1940, Billoud, en tant que président, succède à Léon Bérard. Le Docteur Barriol assure la présidence de l’aéro-club de 1942 à 1944. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, alors que l’activité des vols à moteur est interdite, débute une section de modèles réduits et une autre de vol à voile, mais limitée par la longueur du terrain.

En 1944, sous la dénomination de Société Oyonnaxienne de Sports Aériens (S.O.S.A), une nouvelle équipe, soutenue par l’Etat, entreprend des actions de préparation militaire (mécaniciens avions, radios et pilotes) et de préparation au Brevet d’Enseignement des Sports Aériens (B.E.S.A). André Paillet en est le Président jusqu’en 1956. En 1946, l’achat de nouvelles parcelles permet l’allongement de la piste d’une centaine de mètres. De ce fait, l’activité de vol à voile permet d’utiliser un câble de treuillage pour planeurs sur 2.000 mètres. Cette même année, l’Etat affecte un moniteur pour la formation des pilotes sur un avion Stampe SV4 C, immatriculé F-BCXI, sous forme de prêt gratuit. L’Etat affecte au club : en septembre 1948, une construction qualifiée de semi dur d’une superficie de 65 m2, le chalet club-house actuel, provenant d’un parc de stockage situé à Annecy-Vouvray. Un hangar bois est aménagé par les membres du club, il pourrait s’agir de celui édifié avant guerre à proximité de la ferme Bornarel.

En août 1951, le premier avion remorqueur est livré à l’aéro-club ; en juillet 1952, le vol remorqué du planeur Nord 1300 est le véritable départ de la section de vol à voile à Oyonnax. Plus tard, un accord avec le Groupement d’aviation légère Bresse-Bugey verra des planeurs de ce Groupement rejoindre Oyonnax qui, à partir décision, devient centre départemental de vol à voile.

Un hangar d’aviation construit par l’occupant allemand à Saint Jean d’Angély (Charente-Maritime) est affecté en 1947 à l’aéro-club local ; il sera mis en place, au début de l’année 1952, inauguré à l’automne et baptisé hangar Lieutenant Joseph Dedieu.

En 1956, sous la Présidence de Roger Verchère, l’aéro-club comprenait 294 membres, 200 cadets, 19 juniors, 63 seniors, sans compter les douze membres du conseil d’administration. Deux Jodel biplaces et un Bébé Jodel sont réalisés par les constructeurs amateurs du club ; l’achat d’un Ambassadeur triplace est décidé.

En 1959 la piste en dur que nous connaissons aujourd’hui n’existait pas encore. A cette époque l’aérodrome d’Oyonnax était un champ d’aviation avec un axe plus ou moins matérialisé sur sa surface herbeuse par les traces de la voiture (Citroën C.4) chargée de tirer le câble entre le treuil et les planeurs en attente de décollage, sensiblement au seuil 04 actuel.

1960, sous l’impulsion de Jean Coutty, nommé Président, l’activité du club prend de l’ampleur : le moniteur Girerd développe la section vol à moteur ; la municipalité d’Oyonnax propriétaire des terrains qui devient gestionnaire de l’aérodrome entreprend en 1961 la construction d’une piste en dur de 870 m de long par 45 m de large (orientée 04-22 avec un seuil décalé en 22), avec un revêtement en enrobé bitumineux sur seulement une largeur de 30 m, ainsi que la construction d’un taxiway de 25 m de large et d’une piste en herbe accolée à la première qui est réservée aux planeurs ; en 1963, un hangar métallique de 30 x 20 m affecté par le Service de la Formation Aéronautique est monté en 1964 par la municipalité d’Oyonnax dans le cadre du développement écnomique local ; un atelier de mécanicien de 85 m2 (17×5 m) construit en 1963 sur la façade sud du hangar Joseph Dedieu ; importante activité de l’aérodrome dans le cadre des salons internationaux des plastiques ; le parc avion de l’aéro-club se modernise.
Une convention en date du 7 janvier 1966 entre l’Aviation Civile et la Ville d’Oyonnax relative à l’aménagement et à l’exploitation d’aérodromes n’appartenant pas à l’Etat et principalement destinés à la formation aéronautique et au tourisme avait pour objet de fixer les obligations respectives de la Ville d’Oyonnax et de l’Etat pour l’aménagemet et l’exploitation de l’aérodrome d’Oyonnax-Arbent classé en catégorie D (formation aéronautique, sports aériens et tourisme) en vue de son ouverture prochaine à la circulation aérienne publique, le 8 février 1966.
L’aérodrome d’Oyonnax-Arbent, codifié LFLK est donc ouvert à la circulation aérienne publique, mais il n’est pas contrôlé. Les communications s’effectuent en auto-information sur la fréquence de123,500 MHz. L’avitaillement en carburant (100 LL) et en lubrifiant est possible.
Le 26 juillet 1966, au cours d’une séance de voltige, Jean Coutty, accompagné d’un ami polonais, perd le contrôle de son appareil et s’écrase au sol en bordure de l’aérodrome d’Oyonnax. Les deux occupants de l’appareil sont tués sur le coup. La disparition de Jean Coutty est cruellement ressentie et prive l’aérodrome d’un pilote et d’un dirigeant de grande qualité qui avaitr donné beaucoup pour la promotion de son club. La Société Oyonnaxienne de Sports Aériens devient l’Aéro-club Jean Coutty.
Pierre Emin succède à Jean Coutty. Le bilan de l’activité du club en 1969, établie par Françoise Bismuth ( future Madame Guignot) est le suivant : Heures de vol : vol moteur : 1300 heures dont 400 heures en double commande ; vol à voile : 330 heures en 506 remorqués ; Les Brevets : vol à moteur : 12 brevets élémentaires et 3 licences complètes ; l’école se fait sur deux Rallys ; vol à voile : 5 brevets EPPP, 2 BPP ; l’école se fait sur Bijave ; Le Parc : vol à moteur : Rallye MS 880, immatriculé F-BOVU ; Rallye MS 880, immatriculé F-BPHR ; avions équipés d’une VHF ; 69 francs l’heure ; Jodel D 119, immatriculé F-PLUS, 60 francs l’heure ; Wassmer Baladou, immatriculé F-BNZG équipé radio-navigation et PSV, 126 francs de l’heure ; Stampe SV 4 pour le perfectionnement du pilotage, largage de parachutiste, avion de morquage, 102 francs de l’heure ; Morane Saulnier MS 317 prêté par le SFA à la section vol à voile pour le remorquage ; vol à voile : Bijave WA 30, immatriculé F-CCRV ; N 2000, immatriculé F-CAUM ; M 100, immatriculé F-CDKP ; KA 6 E, immtriculé F- CDRX ; Les cotisations : 25 francs pour les moins de 25 ans ; 50 francs pour les adultes.
L’atelier de mécanicien construit en 1963 sur la façade sud du hangar Joseph Dedieu a été déplacé en 1970 sur la façade nord dudit hangar par la municipalité d’Oyonnax pour qu’elle puisse construire en 1971-72 un bâtiment R+1, intercalé entre le hangar et le chalet clib-house. Ce corps de bâtiment abrite, au rez de chaussée, des locaux affectés à la formation aéronautique, des toiletts, et à l’étage, un appartement pour le gardien de l’aérodrome. En 1993, l’aéro-club procède à l’extension de 190 m2 de l’atelier de mécanicien accolé à la façade nord du hangar Joseph Dedieu.
De 1973 à 1977, Pierre Lancon sera Président, puis secrétaire sous la Présidence de Jules Mermet. Jean-Paul Sabran sera président de 1977 à 1982. Sous la présidence de Jules Mermet de 1982 à 1991 sera édifié, en 1984, un hangar de 300 m2 qui est propriété d’André Chatelain sur une parcelle de l’aéro-club dans le cadre d’un bail emphytéotique de 20 ans, pour abriter ses avions et hélicoptères personnels. Ce hangar deviendra en 2004 la pleine propriété de l’aéro-club.
L’aéro-club connaîtra la présidence de Gérard Burret de 1991 à 1996, de Jean-Claude Guyard de 1996 à 2003, de Joseph Danas de 2003 à 2007, de Jean-Pierre Lhermet de 2007 à 2013 et Jean-Claude Guyard assure la présidence de nos jours.
Le bilan de l’activité de l’année 2013 s’établit à 745 h 30 de vol pour les appareils de l’aéro-club, soient : 298 heures pour le Cessna 752, immatriculé F-GDOA ; 229 heures pour le PA 28 161 Cadet, immatriculé F-GLOY ; 218 heures 30 pour le Cessna 172, immatriculé F-GIRQ.
La convention d’explotation de l’aérodrome a été renouvelée pour une durée indéterminée, le 13 février 1989. En outre, la ville d’Oyonnax, a dans le cadre de cette convention passée, le 13 février 1989, un accord avec l’aéro-club pour le gardiennage de l’aérodrome.
En 2014, l’aéro-club a été sollicité par la société ‘Radar-Film’ pour tourner dans la région d’Oyonnax des séquences du film ‘Belle et Sébastien’. Un Broussard, arrivé fin août à Oyonnax, a été démonté, transporté et remonté à proximité du lac Genin ; il sera de retour en octobre dans le hangar de l’aéro-club pour tourner des séquences avec un Beech 18.
L’aérodrome d’Oyonnax-Arbent, implanté sur la commune d’Arbent, situé à 2 kilomètres au nord d’Oyonnax, est ouvert à la Circulation Aérienne Publique, Codification OACI LFLK, Coordonnées 46° 16′ 84 »N- 05° 39′ 32 »E, altitude 1752 ft ou 534 mètres. Cet aérodrome dispose de deux pistes accolées de 870 x 30 mètres,QFU 04/22, l’une en dur et l’autre en herbe qui est réservée aux planeurs.
L’Aéro-club Jean Coutty est le locataire de cet aérodrome.

Paul MATHEVET (membre 2A)